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cations ne furent admises qu’avec l’autorisation du Saint-Synode. Vers 1750 il y avait encore sept cent trente-deux couvents d’hommes ; ils furent réduits à moins de deux cents.

On s’attaqua non seulement au nombre et aux biens des moines, mais aussi à leur ascendant religieux. Le Règlement spirituel, tout en daignant les encourager à l’étude des Écritures, leur défendit, sous peine de châtiments corporels, de composer des livres ou d’en tirer des extraits. Il leur fut interdit d’avoir dans leur cellule encre ou papier sans autorisation de leur supérieur, attendu, dit le Règlement de Pierre le Grand, que rien ne trouble plus la tranquillité de la vie des moines que leurs insensés ou inutiles écrits. Les religieux ne durent avoir qu’un encrier commun, enchaîné à une des tables du réfectoire, et ne s’en servir qu’avec la permission de leur supérieur. C’étaient là de singulières réformes pour un apôtre des lumières. En cela, comme en beaucoup de choses, Pierre le Grand risquait de compromettre le but par les moyens. Si de semblables procédés ne pouvaient relever les moines, ils réussirent à leur enlever toute influence.

Par un singulier contraste, ces moines tant abaissés conservèrent toutes les hautes dignités ecclésiastiques. À ces couvents, ainsi tenus en suspicion, on a laissé le monopole de l’épiscopat. Le maintien de ce privilège, en de telles conditions, serait une aberration, s’il s’étendait réellement à la plèbe monastique. Ce qui l’explique, c’est que le plus grand nombre des religieux n’y ont aucune part, qu’il est réservé à une élite qui souvent n’a du moine que le nom et le costume.


Sous l’unité extérieure de la profession monastique se rencontrent des vocations et des existences fort diverses. Des deux cents ou trois cents hommes qui prennent annuellement le voile, une bonne moitié sort de familles sacerdotales ; le reste appartient aux marchands, aux