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unes le font par dévouement, d’autres par cupidité. On cite, dans le monde des marchands, de riches veuves qui ont ainsi acheté à des femmes sans fortune un mari de leur goût. Le théâtre russe a mis sur la scène des transactions de ce genre. C’est le sujet d’une médiocre comédie d’Ostrovsky, le Bellâtre (Krasavets Mouchtchina). On a vu des époux ainsi divorcés, pris du désir de se remarier, alors que, grâce à leur complaisance, leur conjoint l’était déjà, intenter une action nouvelle et demander la revision d’une sentence fondée sur des faits supposés.

La question de savoir si le mariage doit être interdit à perpétuité aux époux coupables a été fort discutée. Plusieurs canonistes ont soutenu que jamais les conciles n’avaient condamné l’époux adultère au célibat perpétuel. D’après eux, cette règle n’aurait d’autre fondement que les préceptes du Nomokanon, code byzantin qui associe aux canons de l’Église les lois civiles concernant l’Église et le clergé. Toujours est-il que l’on incline, en Russie, à se départir d’une sévérité généralement jugée excessive. Cela n’est plus guère qu’une affaire de temps. Il y a déjà des exemples d’autorisation de remariage pour l’époux déclaré coupable. Le jour où ce sera devenu la règle, les demandes de divorce se multiplieront. Si les procès de ce genre en deviennent un peu moins scandaleux, il est douteux que le lien conjugal en soit fortifié[1].


Dans une étude des sacrements il est impossible de laisser de côté celui qui fait l’originalité morale du catholicisme, la pénitence, la confession. L’Église grecque est d’accord avec l’Église romaine pour exiger la confession auriculaire. La théorie du sacrement est à peu près semblable chez les Grecs et chez les Latins ; en est-il de même de la pratique, qui seule décide de la valeur d’une telle institution ? Pour un étranger appartenant à une autre

  1. Pour le nombre des divorces et la procédure suivie dans ces affaires par les consistoires ecclésiastiques, voyez ci-dessous, même livre, chap. vii.