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CHAPITRE III


Du culte et du ritualisme. — Importance des rites et du cérémonial dans l’Église orientale. — Le formalisme russe et le caractère national. — Le rite de la prière. — Les cérémonies et la liturgie. — Comment l’Église russe a rempli le rôle esthétique de la religion. — Du culte des images. — Précautions prises contre la superstition. — Vierges miraculeuses et dévotion du peuple. — L’imagerie religieuse et l’art byzantin en Russie. — Caractères de la peinture moscovite. — Attachement aux types traditionnels. — Difficulté de les renouveler. — La musique à l’église et le chant sacré.


Si, pour la constitution de l’Église, l’orthodoxie gréco-russe occupe une position intermédiaire entre Rome et la Réforme, il en est tout autrement des rites, du culte extérieur. Par ce côté, l’Église orientale se montre à la fois opposée aux deux grands partis, qui ont divisé l’Occident. L’immobilité traditionnelle qui, à plus d’un égard, l’a placée au milieu des catholiques et des protestants, l’a laissée, sous ce rapport, à l’écart et comme en arrière des uns et des autres. Pour les formes, pour l’importance donnée au cérémonial, l’orthodoxie gréco-russe est en quelque sorte à l’extrême droite du christianisme ; c’est plutôt le catholicisme romain qui est au centre.

Les usages de l’antiquité chrétienne, souvent simplifiés par Rome avant d’être réduits ou rejetés par la Réforme, se sont, pour la plupart, religieusement conservés en Orient. Strictement attaché aux formes ecclésiastiques des quatrième et cinquième siècles, le culte orthodoxe est essentiellement ritualiste. Cette fidélité à des pratiques abandonnées ou modifiées par les confessions d’Occident lui donne, vis-à-vis d’elles, un air archaïque et vieilli. Ce ritualisme a valu à l’Église grecque l’attaque simultanée des