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moitié prix. Comme il arrive souvent à la bienfaisance publique ou privée, ces fondations philanthropiques n’ont fait que pallier le mal et entretenir le paupérisme scolaire qu’elles prétendaient faire disparaîlre. Aussi, après s’être piqué d’ouvrir les portes de l’enseignement secondaire et supérieur « aux enfants de toute classe », le ministère de l’instruction publique a-t-il, depuis quelques années, songé à rétrécir l’accès des gymnases et des universités, en élevant considérablement les rétributions scolaires. Dans un pays qui, malgré tout, est loin de compter trop d’hommes instruits, ce serait là passer d’un extrême à l’autre. Cette sorte d’impôt sur l’instruction risquerait d’être plus nuisible qu’efficace. L’un des principaux soucis du gouvernement de l’empereur Alexandre III semble avoir été de purifier l’atmosphère des écoles et des universités. Pour cela, il n’a malheureusement su recourir qu’à des vexations dont l’expérience avait déjà démontré l’inutilité. Les règlements universitaires édictés, en 1884-1885, sur les conseils de M. Katkof, sont plus faits pour humilier la science et abaisser les études que pour refréner les tendances révolutionnaires.

La question scolaire, universitaire, est assurément un des gros problèmes de l’empire. Nulle part le sort du pays n’est dans une plus étroite dépendance de l’éducation de la jeunesse. C’est dans les hautes écoles surtout qu’il faut combattre l’esprit révolutionnaire, mais cela ne saurait se faire suivant des procédés plus ou moins renouvelés de Nicolas, en s’en prenant aux études et à la culture moderne, en bouleversant les programmes d’enseignement, en substituant les études classiques aux sciences physiques ou vice versa, en limitant le nombre des étudiants ou bornant la sphère des études, en refoulant les femmes et les jeunes filles qui aspirent aux carrières libérales et à une vie indépendante. On aura beau soumettre les universités à la discipline militaire, faire porter aux étudiants un uniforme, les enrégimenter dans des casernes, ce ne seront