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en tête de ses colonnes, la date plus que séculaire de sa naissance. Sous les successeurs de Pierre le Grand, sous Catherine II surtout, parurent plusieurs feuilles consacrées principalement à la littérature et à la critique. Durant toute la première moitié du dix-neuvième siècle, la presse russe a conservé le caractère essentiellement littéraire qu’elle avait au dix-huitième. Le grand développement des journaux politiques ne date que du règne d’Alexandre II, et, jusque sous ce prince, la presse a gardé quelque chose des habitudes que lui avaient fait prendre, dès sa naissance, le régime autocratique et les mœurs publiques. Un de ses traits distinctifs a été la longue prédominance de la revue sur le journal, suite naturelle de la prépondérance de la littérature sur la politique[1].

Sous le règne d’Alexandre Ier se sont fondées des revues qui, après plus de trois quarts de siècle, gardent encore une grande vogue. En 1802 c’était, à Pétersbourg, le Messager d’Europe (Vêstnik Evropy), dirigé d’abord par Karamzine, et demeuré le principal représentant du libéralisme moderne et de l’esprit occidental. En 1809 c’était, à Moscou, le Messager Russe (Rousskii Vêstnik), lequel, après avoir eu des tendances slavophiles, est resté, sous la direction de M. Katkof, le principal organe des idées conservatrices et des aspirations nationalistes[2].

La Russie compte aujourd’hui une dizaine de grandes revues, dont quelques-unes tirent à neuf ou dix mille

  1. Sur ces débuts de la presse russe, comme sur le caractère de ses principaux organes, le lecteur peut consulter l’Histoire de la Littérature contemporaine en Russie, par M. Courrière.
  2. A côté de ces deux recueils s’en placent d’autres également considérables, tels que : la Parole (Slovo), la Pensée russe (Rousskaïa Mysi), les Échos (Otgoloski), le Pays (Strana), les Annales de la Patrie, le Délo (l’Œuvre), ces deux derniers fortement imbus de l’esprit démocratique et pour cela récemment supprimés, la Terre Vierge (Nove), revue illustrée, fondée sous Alexandre III, la Rous, organe slavophile, dont la mort de M. Aksakof a suspendu la publication en 1886. Il y a en outre des revues historiques ou spéciales, telles que les Archives russes, les Antiquités russes, le Journal de l’Instruction publique, la Revue critique, etc., etc.