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CHAPITRE III


Les assemblées de la commune et de la volost. — Dans les communautés de village, pas de conseil élu. Assemblée composée des chefs de famille. En quoi cette démocratie patriarcale diffère de nos démocraties individualistes. Qualités et défauts de ces assemblées. Leur droit d’exclusion ou d’ostracisme. Absence de formalités et de votes réguliers. De l’habitude dans le mir, comme dans l’ancien vetché, de prendre les résolutions à l’unanimité. — Pouvoir du mir sur ses membres. Dépendance de l’individu dans ces communes autonomes.


Ce qu’il y a de plus original dans la commune russe, ce sont ses assemblées délibérantes. Le mir moscovite garde encore intacts et saillants beaucoup de traits qui, dans presque tous les pays de l’Occident, ont été effacés par les derniers siècles. Dans la commune rurale, pas de conseil, pas d’assemblée élue ; les paysans se réunissent en libres assemblées, discutent, s’entendent entre eux sans l’intermédiaire de représentants. C’est le régime de la démocratie dans sa forme la plus simple et la plus primitive, le régime jadis en usage dans le vetché des villes russes, encore subsistant aujourd’hui dans les landgemeinde des vieux cantons suisses et naguère dans les anteiglesias des provinces basques, régime longtemps conservé en France dans nos paroisses comme dans la plupart des pays de l’Occident, et en partie transporté par les colons anglais au delà de l’Océan[1]. Dans la commune russe (selskoé obchtchestvo)f comme dans le township américain, il n’y a pas de conseil municipal. Les fonctionnaires, élus directement

  1. Outre l’Ancien régime et la Démocratie en Amérique de Tocqueville, voyez par ex. le Village sous l’ancien régime de M. Alb. Babeau (Paris, 1878).