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les communaulés de marchands, de bourgeois, d’artisans, se bornent d’ordinaire à voter des secours pour leurs membres besogneux, ou des fonds pour des souscriptions patriotiques. Au lieu de les redouter, l’administration s’en sert comme d’un instrument commode, pour faire exécuter les règlements administratifs sur le commerce et sur les métiers[1]. Telles qu’elles existent aujourd’hui, ces corporations sans vie ne peuvent porter ombrage à personne ; c’est à leur innocuité, c’est à leur insignifiance même qu’elles doivent de conserver l’existence.

À la représentation par classe ou corporation, le statut de 1870 a substitué la représentation de la propriété et des intérêts. Ce sont les taxes municipales qui confèrent le droit de voter dans les élections urbaines. Tout propriétaire d’immeuble, tout possesseur ou directeur d’établissement industriel ou commercial, tout homme payant une patente au profit de la cité est électeur municipal. Comme en Angleterre, et de même que pour les assemblées territoriales, les femmes peuvent participer au scrutin au moyen d’un fondé de pouvoir. Bien que le droit de vote soit établi sur les rôles des contributions, il n’y a pas à proprement parler de cens électoral, point de minimum d’impôt déterminé par la loi. Les villes russes diffèrent tellement par la richesse, beaucoup d’entre elles sont si pauvres, qu’il eût été difficile de trouver pour toutes une mesure commune, ou même de fixer une échelle graduée. Aussi a-t-on adopté un autre système. Tout impôt direct, acquitté au profit de la ville, donne aux habitants le droit de prendre part aux élections urbaines, mais la part de tous ces électeurs est loin d’être la même. Les contribua-, blés sont inscrits sur les listes électorales dans l’ordre du chiffre des contributions acquittées par eux, en commen-

  1. Chaque métier formant un tsekh a un chef élu, un ancien, et tous les chefs de métier nomment un chef commun, appelé rémeslennyi golova, (maire des artisans), qui est chargé de veiller à l’exécution des nombreux règlements sar le travail, sur les apprentis, etc.