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ouprava, qui prend une part importante à l’administration locale. En Russie, cette commission n’est renouvelée que tous les trois ans, ce qui, d’après certains esprits, la rend trop indépendante du zemstvo qui la nomme. Le président en est élu ; mais il doit être confirmé par le ministre de l’Intérieur. Comme en Belgique, les membres de la commission permanente reçoivent d’ordinaire une indemnité, dont le taux est fixé par l’assemblée. Cette rétribution s’élève à 1500 ou 2000 roubles environ. Ce nouvel exemple montre combien le principe démocratique de la rémunération de tous les services est, dès le premier jour, entré dans les idées et dans les mœurs russes. Il est vrai qu’à en juger par ces assemblées, la Russie n’a point à se féliciter de n’avoir pas préféré la gratuité. Les membres des zemstvos seraient peut-être tentés de s’allouer, eux aussi, une indemnité, si le législateur ne le leur avait interdit. La loi ne leur défend point, il est vrai, de réclamer une rémunération ; mais en ce cas ils ne peuvent rien recevoir que des électeurs qui les nomment et non de l’assemblée dont ils font partie. N’étant pas rétribués, ils ne se croient point obligés à une grande exactitude. Plusieurs assemblées provinciales ont à se plaindre de l’incurie et de l’indifférence des hommes qui ont l’honneur d’en faire partie. Pour être valables, les décisions du zemstvo ont besoin d’être prises en présence d’un tiers des membres : si peu élevé que semble ce minimum légal, il arrive souvent qu’une assemblée n’est pas en nombre pour délibérer. Afin d’être en nombre, il n’est pas rare de voir le président retenir de force des membres dont la participation aux affaires est toute nominale. L’assiduité est si peu habituelle que des feuilles sérieuses ont réclamé qu’on abaissât du tiers au cinquième le chiffre des membres, dont la présence est nécessaire pour que les décisions de l’assemblée soient valables. On a été plus loin en un sens. On a, durant la guerre de Bulgarie, décidé que, pour certaines questions dites d’urgence, les zemstvos pourraient