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ainsi associés par le pouvoir central, ont, pour Id plupart, une existence plus ancienne et une individualité plus naturelle que les gouvernements qu’ils composent[1]. Aussi gardent-ils une vie propre, supérieure à celle de nos arrondissements. Chaque province compte huit, dix, douze, parfois quinze districts, en sorte que, tout en restant notablement plus étendues que nos arrondissements, les subdivisions de la province sont relativement moins grandes que les provinces mêmes. Dans ces districts, encore plus vastes et même, d’ordinaire, plus peuplés que nos arrondissements, il n’y a, en dépit de l’excès de la centralisation russe, rien qui corresponde à nos sous-préfets. L’administration impériale n’est représentée que par un simple officier de police (ispravnik). Il est vrai que le défaut de constitution politique n’y a pas encore fait sentir l’utilité d’une classe de fonctionnaires qui, chez nous, sont bien moins des administrateurs que des agents de propagande ou d’élection.

À la tête de chaque gouvernement est un gouverneur (goubernator). Ce fonctionnaire offre beaucoup d’analogie avec l’intendant de notre ancien régime, avec notre préfet d’aujourd’hui. Autrefois, le gouverneur concentrant en ses mains tous les pouvoirs, chaque province était une Russie en miniature et comme une réduction de l’empire autocratique, dont elle reproduisait en petit l’organisation. Comme l’empire, la goubemie était régie par un pouvoir pratiquement illimité. Le gouverneur, assisté d’un vice-gouverneur, avait bien à côté de lui un conseil de gouvernement, mais, de même que le Conseil de l’empire, ce conseil provincial n’avait que voix consultative. Il y avait bien, depuis l’impératrice Catherine, des assemblées périodiques de la noblesse ; il y avait même un comité des finances locales[2], composé de députés de la noblesse et

  1. Voyez, par exemple, Gradovski, Sbornik Gos. snanii, l. V (1878).
  2. (Komitet zeniskikh povinnostei).