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La race finnoise est, en dehors de la Hongrie, presque tout entière comprise dans la Russie d’Europe ; elle y compte 5 ou 6 millions d’âmes, qui se divisent en une douzaine de tribus différentes, classées en trois ou quatre familles[1]. C’est d’abord, au nord, la famille ougrienne, la seule qui ait encore des représentants en Asie. Elle ne comprend plus que deux petites peuplades de quelques milliers d’âmes, menant à peu près la même vie que le Samoyède, comme lui chrétiennes de nom et chamanistes de fait : les Ostiaks, dans la Sibérie occidentale, les Vogules, dans le nord de l’Oural ; mais à cette famille, qui renferme les tribus finnoises les plus misérables, se rattache le seul peuple finnois qui ait joué un rôle en Europe et soit arrivé à une haute civilisation, les Magyars de Hongrie. Au nord-est vient le rameau biarmien, comptant de 300 000 à 400 000 âmes, chaque année diminuées par une rapide russification, et inégalement réparties entre la tribu des Permiens dans le bassin de la Kama, celle des Votiaks sur la Viatka, celle des Zyrianes sur la haute Dvina et la Petchora, toutes trois orthodoxes, et les deux premières adonnées à l’agriculture, la dernière à la chasse et au commerce. Au-dessous, vient la famille du Volga, avec les Finnois du midi, plus ou moins croisés d’éléments tatars. À ce groupe appartiennent encore les trois plus importantes tribus finnoises de la Russie proprement dite : les Tchérémisses, qui, au nombre d’environ 250 000, habitent la rive gauche du Volga, autour du gouvernement de Kazan, — les Mordves, qui, subdivisés en plusieurs branches, comptent près d’un million d’âmes, au cœur même de la Russie, entre le Volga et l’Oka, dans les gouvernements de Nijni-Novgorod, Penza Simbirsk, Tambof, Saratof, — les Tchouvaches, un peu

  1. Toutes ces tribus ont, depuis le finnologue Castren, été l’objet de nombreuses études ethnographiques, statistiques, philologiques, juridiques même, de la part de savants russes ou finlandais, tels que Ahlquist, Maïnof, Kittich, Kouznetzof, Laptef, Florinsky, Popof, Maksimof, Efimenko, etc., auxquels il convient de joindre notre compatriote d’adoption, M. de Ujfalvy.