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gère à la souche aryenne ou indo-européenne, d’où, avec les Celtes et les Latins, avec les Germains et les Slaves, sont sortis la plupart des peuples de l’Europe. Les classifications ethnologiques placent généralement les Finnois dans un groupe plus ou moins étendu, portant l’étiquette de touranien, allophyle, mongolique, mongoloïde, dénominations plus ou moins justes d’un cadre aux contours indécis, qui ressemble parfois à une sorte de caput mortuum où philologues et anthropologistes auraient rejeté les peuples de l’Europe et de l’Asie qu’ils ne pouvaient classer parmi les Aryens et les Sémites. Dans l’intérieur de ce trop vaste groupe qui, du Pacifique à la Hongrie, embrasse tant de familles humaines, les Finnois sont le plus souvent rattachés à une branche désignée sous le nom d’ouralo-altaïque, l’espace compris entre les chaînes de l’Oural et de l’Altaï paraissant le point de départ des peuples de cette famille. Les Mongols proprement dits sont, avec les Tatars, rangés d’ordinaire à côté des Finnois dans ce groupe ouralo-altaïque, qui laisse au contraire en dehors de lui les Chinois et les nations de l’Asie orientale. Cette classification est celle qui semble le mieux répondre aux faits ; il est seulement à noter que pour les deux sciences sur lesquelles reposent toutes les études ethnographiques, pour la philologie comme pour l’anthropologie, ce groupe ouralo-altaîque est loin de présenter la même homogénéité que le groupe aryen ou le sémite. La parenté entre ses divers rameaux est bien moins saisissante, bien moins intime qu’entre le Latin et le Germain, elle paraît plus reculée qu’entre le brahmine ou le guèbre de l’Inde et le Celte de l’Ecosse ou de la Bretagne ; au fond elle n’est peut-être pas plus étroite qu’entre l’Indo-Européen et le Sémite.

Au point de vue philologique, les races ouralo-altaïques ou touraniennes se distinguent par des langues agglutinatives, c’est-à-dire où la déclinaison et la conjugaison se font par simple juxtaposition, au lieu d’unir et de fondre l’une dans l’autre la racine et la terminaison jusqu’à les