Du chaos apparent de l’ethnographie russe émergent nettement trois éléments principaux, le finnois, le tatar, le slave, qui aujourd’hui a en grande partie absorbé les deux autres. En dehors des 3 ou 4 millions de Juifs de l’ouest, des 8 ou 900 000 Roumains de Bessarabie, et d’au moins un million d’Allemands dispersés du nord au sud, — en dehors des Kalmouks de la steppe du bas Volga, des Tchétchènes, des Lezghiens, des Arméniens, et de la babel du Caucase, tous les peuples ou peuplades qui ont envahi la Russie dans le temps passé, tous ceux qui l’habitent aujourd’hui, se rattachent à l’une de ces trois races. Aussi haut que l’on remonte dans l’histoire se retrouvent sur le sol russe, sous un nom ou sous un autre, des représentants de chacun de ces trois groupes, et leur mélange n’est pas encore tel qu’il nous cache leurs caractères distinctifs ou l’aire première de leur domination respective.
La race finnoise ou tchoude[1] paraît celle qui a anciennement occupé le plus vaste territoire dans ce que nous appelons aujourd’hui la Russie. Elle est manifestement étran-
- ↑ Tchoudes, d’après l’étymologie slave, les monstres ou étrangers ; peut-être aussi y a-t-il dans ce nom une allusion aux prodiges des sorciers, partout en grand renom chez les Finnois.