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kof, fondé à Moscou à l’occasion du congrès slave de 1867, ils ont essayé de donner une représentation à la fois scientifique et pittoresque, comme une carte vivante et animée des différentes populations de l’empire. À l’aide de mannequins de grandeur naturelle et de figures en cire modelées d’après les moulages les plus exacts, on a réuni, dans toute la variété de leurs types et de leurs costumes, les peuples et les tribus de la Russie. Au nord de la vaste salle qui sert de carte, à côté du Toungouse, du Iakoute, du Bouriate de Sibérie, se voient dans leurs vêtements de peau de renne le Samoyède, qui rappelle l’Esquimau, et le Lapon, qui fait souvenir du Mongol. Au-dessous, à l’ouest, viennent le paysan finnois de la Finlande et le paysan esthonien des provinces baltiques, trahissant tous deux par leur face plate une lointaine parenté avec le Lapon et le Samoyède. À l’est, figurent les représentants des autres groupes de la race finnoise disséminés dans le bassin du Volga, et montrant des traits de moins en moins européens, de moins en moins nobles : des Permiens, des Yotiaks, des Tchérémisses, des Mordves, des Tchouvaches, au milieu desquels se distingue par sa beauté orientale une jeune Tatare de Kazan dépouillée de son voile. En face, à l’occident, sont les paysans letton, samogitien et lithuanien, puis le Biélo-Russe, au visage carré, contrastant avec un marchand et un artisan juifs à la mine longue, au nez effilé.

Au milieu de la salle, sur une large estrade, trône le maître de l’empire, le Grand-Russe, dans toute la diversité de ses métiers et de ses costumes provinciaux, — les hommes en grandes bottes, ou en lapti d’écorce, avec la chemise rouge ou le long caftan, les femmes en riches sarafanes, avec des kokochniks en forme de diadème ou des potcheloks en forme de couronne. Au-dessous des Grands-

    1818 par la Société géographique de Pétersbourg et gravée par Ilyine, elle est, par les détails et l’exactitude, fort supérieure à celle de Kœppen. — Pour la Sibérie, où de semblables études sont encore bien moins avancées, je citerai la carte de M. Venioukof.