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ou les steppes rocheux : là même où se montre quelque terre végétale, le manque de cours d’eau et le manque de pluies semblent condamner cette moitié supérieure de la Tauride, dont on se promettait tant de merveilles au temps de Catherine II, à demeurer longtemps inculte. Des montagnes du Sud de la Crimée et des bords de la Caspienne au Tchernoziom encore steppien, les steppes infertiles occupent, en deçà du fleuve Oural, près de 400 000 kilomètres carrés qui ne comptent pas 1 500 000 habitants. Sur toute cette surface, le reboisement, déjà difficile dans le Tchernoziom et dans les steppes à sol analogue, semble devenir entièrement impraticable. Impropres à l’agriculture et presque à la vie sédentaire, ces vastes espaces, comme les parties voisines de l’Asie, ne paraissent convenir qu’à l’élève du bétail et à la vie nomade. Aussi, sont-ce les seules contrées de la Russie d’Europe encore habitées par les tribus pastorales de l’Asie, par les Kalmouks et les Kirghiz, et, jusqu’à ces dernières années, par le Tatar de Grimée et le Nogaï. Sur ces steppes, ces Asiatiques semblent aussi bien chez eux que dans leur patrie originaire ; ils y mènent la même vie, conduisant leurs troupeaux brouter les herbes des sables ou les maigres plantes salines qui poussent en touffes sur le sol aride.

À cette extrémité Sud-Est de la Russie d’Europe se rencontre presque le même genre d’existence qu’à l’extrême-Nord, chez le Lapon et le Samoyède : la vie nomade, la tente de peau et seulement le chameau à la place du renne. Aussi ces deux régions sont-elles les moins peuplées de toute la Russie en deçà de l’Oural. En comprenant les nombreux pêcheurs du Volga et les ouvriers des salines, les steppes du Sud-Est ne comptent pas en moyenne 4 habitants par kilomètre carré. Dans certaines parties, dans le steppe des Kalmouks en particulier, il n’y a guère que 1 habitant par kilomètre. Il faut remonter dans le gouvernement d’Arkangel, jusqu’à l’embouchure de la Dvina,