Une noblesse peut avoir deux espèces de privilèges, des privilèges personnels dont chaque noble jouit individuellement, des privilèges collectifs que tous les nobles exercent en corps. La loi reconnaît au dvorianstvo russe des prérogatives des deux sortes, les unes et les autres aujourd’hui singulièrement réduites par l’extension même des libertés publiques. La noblesse n’a point d’ordinaire été privée de ses droits, mais ce qui était le privilège d’une classe est devenu le droit de toutes. Ses prérogatives collectives ou personnelles, le dvorianstvo ne les tenait du reste ni de ses propres efforts, ni des conquêtes de ses ancêtres ; toutes étaient un don de la munificence souveraine, et la plupart étaient encore relativement récentes lorsqu’elles furent étendues aux autres classes de la nation. Avant Catherine II, la noblesse n’avait aucun droit corporatif, et, si les nobles possédaient quelques droits individuels, ces droits étaient mal définis ou mal respectés.
Les nobles n’étaient pas seulement comme tout le peuple soumis au bon plaisir du prince ; il n’était caprice grossier on fantaisie indiscrète que les souverains ou les favoris ne se permissent avec les membres des plus illustres