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CHAPITRE II


Les deux grandes zones de la Russie. — La zone des forêts et la zone déboisée. — Subdivisions de cette dernière. — La région de la Terre-Noire. — La région des steppes. — Steppes accidentels. — Steppes éternels.


Le principal caractère de la Russie, c’est l’unité dans l’immensité. Au premier coup d’œil, en comparant les extrémités du vaste empire, les toundras glacées du Nord aux déserts brûlants des bords de la Caspienne, les lacs à vasques de granit de la Finlande aux chaudes terrasses de la côte de Crimée, on est frappé de la grandeur des contrastes. Il semble qu’entre ces limites, entre la Laponie, où vit le renne, et les steppes de la Caspienne, où vit le chameau, l’intervalle soit si spacieux qu’il faille bien des régions différentes pour le remplir. Il n’en est rien. La Russie à ses extrémités, en Europe même, a des échantillons de tous les climats ; cependant les contrées à l’aspect le plus tranché, la Finlande, la Crimée, le Caucase, ne sont que des annexes de l’empire, annexes naturelles, mais bien différentes de la Russie proprement dite. Dans l’intervalle, entre les contreforts des Carpathes et l’Oural, s’étend une région d’une analogie de climat, d’une monotonie d’aspect, impossibles à rencontrer à pareil degré sur de pareils espaces. De l’énorme muraille du Caucase à la Baltique, cet empire, à lui seul plus grand que le reste de l’Europe, présente peut-être moins de variété que des nations occidentales dont le territoire est dix ou douze fois plus petit. C’est l’uniformité de la plaine. L’Ouest est plus tempéré, plus européen ; l’Est est plus aride, plus asia-