Après avoir parcouru le sol de la Russie, et examiné successivement les titres généalogiques et le tempérament national du Slave russe, nous voudrions chercher quels éléments de civilisation lui ont été apportés par l’histoire, comment les siècles ont confirmé ou corrigé les influences de la race et du climat, quels traits ils ont donnés au caractère du peuple, quelles bases à sa culture et à ses institutions. « On sait suffisamment l’histoire des temps barbares quand on sait qu’ils ont été barbares », dit, à propos de la Russie avant Pierre le Grand, un des philosophes du dix-huitième siècle[1]. On reconnaît là l’ignorante et naïve présomption qui, dans les sciences historiques et politiques, a coûté au dix-huitième siècle tant d’erreurs et de déceptions.
Les Russes eux-mêmes disent parfois qu’ils n’ont point d’histoire. Les uns, comme jadis Tchaadaef, le déplorent
- ↑ Condillac, Histoire moderne, t. VI.