L’influence directe du climat sur l’organisme et sur les habitudes, sur les conditions physiques et économiques de la vie, n’est ni la seule, ni peut-être la plus profonde. La nature exerce indirectement une action considérable sur les idées, sur les sentiments, sur le caractère tout entier, par les passions qu’elle provoque et les facultés qu’elle met en jeu. La première remarque que suggère le sol de la Grande-Russie, c’est que la vie y est, plus que partout ailleurs, une lutte contre la nature, lutte corps à corps contre un ennemi toujours présent et jamais vaincu. Sous ce ciel, l’homme ne peut, comme dons nos pays tempérés, oublier son adversaire ; il n’en peut triompher complètement, et, tout en lui disputant pied à pied le terrain, il doit souvent céder à une force supérieure. De là plusieurs des traits en apparence opposés du caractère national russe. Celle guerre est avant tout une école de patience, de résignation, de soumission. Ne pouvant rejeter de sa tête le joug de la nature, le Grand-Russe a supporté plus patiemment celui de l’homme ; le premier la plié au second. La tyrannie du climat l’avait préparé au pouvoir absolu. Tout son effort étant de vivre, le despotisme lui a paru moins lourd. Il ne faut point admettre sans distinction l’ancienne