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CHAPITRE IV


L’élément slave et la nationalité russe. — Slaves et Panslavisme. — Slaves et Letto-Lithuaniens. — Mode de formation du peuple russe, ses diverses tribus. — Leurs différences d’origine et de caractère. — Grands-Russes. — Blancs-Russes. — Petits-Russes. — L’Ukrainophilisme.


Au-dessus des Finnois et des Tatars, dont en Russie le rôle ethnologique a été fort inégal, vient la race qui a subjugué ou absorbé les autres, celle dont le nom sonne fièrement à toute oreille russe, la race slave. Sur la place et la parenté des Slaves, point de doute possible. Comme les Latins, les Celtes, les Germains, ils font partie de cette grande race aryenne ou indo-européenne, à laquelle semble échue la domination du monde. De cette communauté d’origine, ils ont pour garants leur type physique, leurs langues, leurs premières traditions. Ainsi que le grec, le latin et l’allemand, les langues slaves ne sont, à vrai dire, que des dialectes de cet idiome indo-européen dont le sanscrit est la plus ancienne forme connue. Ainsi que ceux de l’Allemagne, les contes et les légendes slaves reproduisent et complètent les données d’où sont sortis les mythes de l’Inde et de la Grèce[1]. Pas plus que nous, les Slaves ne sont asiatiques, ou, s’ils le sont, ils ne le sont pas autrement que nous. Leur établissement en Europe remonte au delà de toute époque historique. On ne sait qui, des Slaves ou des Germains, ont les premiers quitté l’Asie ; en tout cas,

  1. Nous possédons aujourd’hui un grand nombre de recueils de contes slaves de toute contrée. Pour la Russie, on doit citer avant tout la collection d’Afunasier : Narodnyia Rousskiia Skaski, puis les recueils de Khoudiakof, Erlenvein, Tchoudinsky, etc. ; pour la Petite-Russie, ceux de Roudckenko et de Koulich.