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que, transformée par les imaginations enthousiastes, elle devint le symbole de la patrie armée.

  Le Brun de Charmettes[1], royaliste jaloux des gloires impériales, composa en 1817, avec talent, la première histoire patriotique de Jeanne d’Arc, qui devait être suivie de tant d’autres, conçues dans le même esprit, tracées sur le même plan, écrites dans le même style. De 1841 à 1849, Jules Quicherat, en publiant les deux procès et les témoignages, ouvrit dignement une époque incomparable de recherches et de découvertes. Au même moment, Michelet écrivit dans le cinquième tome de son Histoire de France des pages rapides et colorées, qui resteront sans doute comme la plus belle expression de l’art romantique appliqué à la Pucelle[2].

  Mais, de toutes les histoires écrites de 1817 à 1870, ou du moins de toutes celles que j’ai pu connaître, car je ne me suis pas attaché à les lire toutes, la plus sagace, à mon avis, est celle qui forme le livre IV de l'Histoire de Charles VII, par Vallet de Viriville, dans laquelle se montre le souci de rattacher la Pucelle au groupe de visionnaires auquel elle appartient réellement[3].

  1. Le Brun de Charmettes, Histoire de Jeanne d’Arc surnommée la Pucelle d’Orléans, Paris, 1817, 4 vol. in-8°.
  2. Michelet, Histoire de France, t. V.
  3. Vallet de Virhrille, Histoire de Charles VII, t. II, Paris, 1863, in~8\