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couronne qu’elle avoua ensuite n’avoir jamais vus que dans son imagination.

À quel âge ces troubles lui vinrent-ils ? On ne peut pas le dire avec précision. Mais ce fut très probablement au sortir de l’enfance, et nous sommes avertis par le témoignage de Jean d’Aulon, que Jeanne ne sortit jamais tout à fait de l’enfance[1].

Bien que, le plus souvent, il soit hasardeux de tirer d’une donnée historique les éléments d’une étude clinique, plusieurs savants ont tenté de définir l’état pathologique qui rendait cette jeune fille apte à subir de fausses perceptions de l’ouïe et de la vue[2]. Comme la psychiatrie a fait en ces dernières années de rapides progrès, je me suis adressé à un savant éminent qui connaît l’état actuel de cette science, à laquelle il a apporté lui-même d’importantes contributions. J’ai demandé au docteur Georges Dumas, professeur à la Sorbonne, si la science dispose d’éléments suffisants pour établir rétrospectivement le diagnostic de Jeanne. Il m’a envoyé en réponse une lettre qu’on lira dans l’appendice I de cet ouvrage[3].

Je n’ai pas qualité pour aborder ce sujet. Du moins

  1. Procès, t. III, p. 219.
  2. Brière de Boismont, De l’hallucination historique, ou étude médicopsychique sur les voix et les révélations de Jeanne d’Arc, 1861, in-8°. — Le vicomte de Mouchy, Jeanne d’Arc, étude historique et psychologique, Montpellier, 1868, in-8°, 67 p.
  3. T. II.