Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée

comme précieuses à l’historien ! Raison de plus pour se défier des pièces fausses ou falsifiées, comme, par exemple, les lettres d’anoblissement de Guy de Cailly[1].

Si rapide qu’ait été cet examen des sources, je crois avoir dit l’essentiel. En résumé, la Pucelle, de son vivant même, ne fut guère connue que par des fables. Ses plus anciens chroniqueurs, bien incapables de faire œuvre de critiques, rapportèrent comme des réalités les légendes de la première heure.

C’est dans le procès de Rouen et dans quelques pièces de comptabilité, quelques lettres missives, quelques actes privés ou publics, que nous trouverons le plus de vérité. Le procès de réhabilitation sera aussi d’un grand secours pour l’histoire, à la condition qu’on n’oublie jamais comment et pourquoi ce procès fut fait.

Au moyen de ces documents on peut se représenter, en somme, assez précisément Jeanne d’Arc dans son caractère et dans sa vie.

Ce qui ressort surtout des textes, c’est qu’elle fut une sainte. Elle fut une sainte avec tous les attributs de la sainteté au XVe siècle. Elle eut des visions, et ces visions ne furent ni feintes ni contrefaites ; elle crut réellement entendre des voix qui lui parlaient et qui

  1. Procès, t. V, pp. 342 et suiv.