Page:Anatole France - Vie de Jeanne d’Arc, 1908, tome 1.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée

été traduites en latin ; elles y ont perdu l’accent original et les nuances fines de la pensée.

Parfois le greffier se contente de dire que le témoin dépose comme le précédent. C’est ainsi que tous les bourgeois déposent sur la délivrance de la ville d’Orléans, comme le marchand drapier qui, précisément, n’était pas très au fait des circonstances dans lesquelles sa ville avait été délivrée. C’est ainsi encore que le sire de Gaucourt, après une brève déclaration, dépose comme Dunois, qui pourtant avait dit des choses bien particulières pour être ainsi communes à deux témoins[1].

Certains témoignages, à ce qu’il semble, ont été tronqués. Celui de frère Pasquerel s’arrête court à Paris, et l’on croirait que le bon frère a quitté la Pucelle immédiatement après l’attaque de la Porte Saint-Honoré, si l’on n’avait pas sa signature au bas de la lettre latine aux Hussites. Ce n’est pas par hasard assurément, que, dans une si longue suite de questions et de réponses, il n’est pas dit un mot du départ de Sully ni de la campagne qui commença à Lagny et finit à Compiègne[2].

On voit que cette abondante enquête doit être consultée avec prudence, et qu’il ne faut pas s’attendre à

  1. Procès, t. III, pp. 2 et 35.
  2. Ibid.. 11, pp. 100 et suiv.