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folie[1]. Toutefois, ce récit ne peut se concilier avec les déclarations de Jeanne.

Monstrelet[2], « plus baveux que ung pot de moutarde[3] » est une fontaine de sapience au regard de Jean Chartier. S’il se sert de la Chronique des Cordeliers, il la redresse, et présente les faits avec ordre. Ce qu’il savait de Jeanne se réduisait à peu de chose. Il croyait de bonne foi qu’elle avait été servante d’auberge. Il n’a qu’un mot sur les indécisions de la guerrière à Montépilloy, mais ce mot, qui ne se trouve nulle part ailleurs, nous a été extrêmement précieux. Il l’a vue au camp de Compiègne, malheureusement il n’a pas su ou il n’a pas voulu dire quelle impression elle avait produite sur lui.

Wavrin du Forestel[4], qui rédigea des additions à Froissart, à Monstrelet et à Mathieu d’Escouchy, était à Patay ; il n’y vit point Jeanne. Il ne la connaît que par ouï-dire et très mal. Nous n’avons donc pas à tenir grand compte de ce qu’il rapporte de messire Robert de Baudricourt, lequel, à l’en croire, endoctrina la Pucelle et lui enseigna la manière de paraître « inspirée de la Providence divine[5] ».

  1. Chronique d’Antonio Morosini, introd. et comm., par Germain LefèvrePontalis, texte établi par Léon Dorez, t. 111, 1901, p. 302 et t. IV, annexe xxi.
  2. Enguerran de Monstrelet, Chronique, publ. par Doüet-dArcq’Paris’1857-1861, 6 vol. in-S-.
  3. Rabelais, Pantagruel, 1. III, ch. xxiv.
  4. Jehan de Wavrin, Anchiennes croniques d’Engleterre, éd. de mademoiselle Dupont, Paris, 1858-1863, 3 vol. in-S-.
  5. Additions de Wavrin à Monstrelet, dans Procès, t. IV, p. 407.