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CHAPITRE V


LE SIÈGE d’ORLÉANS, DU 12 OCTOBRE 1428
AU 6 MARS 1429.

Depuis la victoire de Verneuil et la conquête du Maine, les Anglais ne gagnaient guère en France, et ce qu’ils y tenaient leur était moins assuré que jamais[1]. S’ils épargnaient les terres du duc d’Orléans, leur prisonnier, ce n’était point par vergogne. On disait bien, sur les bords de la Loire, que ceux-là manquaient à l’honneur qui prenaient les domaines d’un seigneur dont ils tenaient le corps[2], mais en guerre où est le profit n’est point la honte. Le Régent ne s’était pas fait scrupule de s’emparer du duché d’Alençon, alors que le possesseur était prisonnier[3]. Ce qui est vrai c’est que le bon duc Charles, par prières et finances, dissuada les Anglais d’attaquer son duché. De 1424 à 1426, les habitants d’Orléans payèrent pour obtenir

  1. Journal d’un bourgeois de Paris, p. 190. — Alain Chartier, L’espérance ou consolation des trois vertus, dans Œuvres, p. 271. — Jean Chartier, Chronique, t. I, p. 14.
  2. Mistère du siège, vers 497.
  3. Perceval de Cagny, pp, 24-22.