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l’armée qui, dans les expéditions coloniales, recueillent des grades, des pensions et des croix, en outre de la gloire qu’on remporte à vaincre l’ennemi. Ils se concilient le clergé en ouvrant des voies nouvelles à la Propagande et en attribuant des territoires aux missions catholiques. Ils réjouissent les armateurs, constructeurs, fournisseurs militaires qu’ils comblent de commandes. Ils se font dans le pays une vaste clientèle en concédant des forêts immenses et des plantations innombrables. Et ce qui leur est plus précieux encore, ils fixent à leur majorité tous les brasseurs d’affaires et tous les courtiers marrons du parlement. Enfin ils flattent la foule, orgueilleuse de posséder un empire jaune et noir qui fait pâlir d’envie l’Allemagne et l’Angleterre. Ils passent pour de bons citoyens, pour des patriotes et pour de grands hommes d’État. Et, s’ils risquent de tomber, comme Ferry, sous le coup de quelque désastre militaire, ils en courent