Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pensait qu’il y avait quelque chose à apprendre même des charlatans et des faiseurs de tours.

Voilà des journées bien pleines et bien variées, beaucoup de travail sans trop de fatigue. On ne peut concevoir un plus sage, un meilleur système d’éducation. Un homme d’État français, François Guizot, qui, sans doute, était bien austère et réformé pour beaucoup goûter et surtout avouer sans réserve un esprit démesurément joyeux, mais qui, dans sa jeunesse, avait appliqué sa grande intelligence aux questions de pédagogie, François Guizot sut reconnaître le mérite de notre auteur comme éducateur et précepteur. En 1812, il écrivait dans une revue d’éducation ces lignes qui ont été réimprimées depuis dans ses œuvres :

« Rabelais a reconnu et signalé les vices des systèmes et des pratiques d’éducation de son temps ; il a entrevu, au début du seizième siècle, presque tout ce qu’il y a de sensé et d’utile dans les ouvrages des philosophes modernes, entre autres de Locke et de Rousseau. »

M. Jean Fleury, dans son ouvrage sur Rabelais, rapproche très ingénieusement de maître Jobelin et de Ponocrates, deux grands prélats du dix-septième siècle, précepteurs de cour. Le parallèle, irrévérencieux pour l’un de ces prélats, flatteur pour l’autre, est, à l’égard de tous deux, assez inattendu. Je vais vous le lire, parce qu’il est curieux, et plus juste au fond qu’il ne semble