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Rabelais publia chez Sébastien Gryphe, en 1533, les Epistolæ medicinales Manardi, qu’il dédia au juge Tiraqueau, et les Aphorismes d’Hippocrate, avec une épître à l’évêque Geoffroy d’Estissac. Il n’avait pas oublié les jours de Fontenay-le-Comte et de Ligugé. Notre auteur crut devoir donner cette édition des Aphorismes, bien qu’il y en eut déjà d’autres, parce qu’il possédait un beau manuscrit ancien de cet ouvrage, contenant des gloses abondantes. Il y puisa avec plus d’enthousiasme que de critique et ne craignit pas d’éclaircir ce qui par soi-même était déjà suffisamment clair. Si l’on en croit M. Jean Plattard, bon juge en ces questions, François avait encore beaucoup à apprendre en matière d’érudition pour prendre place parmi les grands humanistes de l’époque.

Il publia en même temps, avec une épître liminaire mi-grecque mi-latine au défenseur des femmes, Aymery Bouchard, devenu conseiller du roi et maître des requêtes, deux morceaux de droit romain, le testament de Lucius Cuspidius, et un contrat de vente. Du coup, François n’avait pas eu la main heureuse. C’était deux pièces fausses, très fausses, absolument fausses. Le testament de Cuspidius avait été fabriqué au siècle précédent par Pompeius Lactus et le contrat de vente était l’œuvre de Jovianus Pontanus qui en avait fait le prologue d’un dialogue comique intitulé Actius. Comment un si habile