Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour naviguer outre mer, et transporter le grain des nations barbares, inconnues, lointaines. »

Ah ! s’il revenait aujourd’hui au monde, le vieux Maître François, s’il fréquentait au milieu de nous, oh ! qu’il aurait d’inventions nouvelles et merveilleuses à ajouter aux antiques arts de messer Gaster ! les transports à vapeur, les cours des marchés connus instantanément sur toute la surface du globe par le télégraphe, la conservation des viandes par le frigorifique, les engrais chimiques, la culture intensive, la sélection méthodique, la vigne américaine venant ranimer les vieilles souches épuisées de l’antique Europe, et le Bacchus du nouveau monde rendant la vie à notre Bacchus latin, et tant d’autres merveilles de l’homme que ses âpres besoins rendent ingénieux. Qu’il serait émerveillé, le vieux Maître, en voyant l’élevage et l’agriculture portés au point d’activité et de richesse qui fait de votre pays, heureux Argentins, le pays le plus prospère du monde !

Après le manoir de messer Gaster, nous n’avons plus qu’à signaler l’île de Chaneph qu’habitent hypocrites, chattemites, ermites, cagots, tous pauvres gens subsistant des aumônes que les voyageurs leur donnent, et nous aurons parcouru des voyages de Pantagruel à la recherche de la Dive Bouteille tout ce que François Rabelais en publia de son vivant.

Le bon Rabelais nous l’a montré de son doigt