Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyant renfermés dans les coffres des mules, qu’on n’avait point ouverts.

On lit dans le testament de Langey :

« Item au sieur Rabelais et à messire Gabriel Taphenon, médecins, veut et ordonne ledit sieur testateur, qu’il leur soit donné, outre leurs salaires et vacations, c’est à savoir, audit Rabelais cinquante livres tournois par an jusques à ce que ces héritiers l’ayent pourvu ou fait pourvoir en l’Église jusques à trois cents livres tournois par an ; audit Taphenon, cinquante écus une fois payés. »

On suppose que c’est en exécution de cette clause que René du Bellay, évêque du Mans, frère de Guillaume et de Jean du Bellay, conféra à Rabelais la cure de Saint-Christophe-du-Jambet au diocèse du Mans, dont l’ancien médecin de Langey touchait le revenu, sans être tenu à la résidence.

Rabelais garda de son protecteur un souvenir ému. Dans son quatrième livre, que nous étudierons bientôt, il associa la fin du bon chevalier Guillaume du Bellay à tout ce que Plutarque rapporte de grand, de noble, de mystérieux, de terrible sur la mort des génies, des héros et du grand Pan lui-même. Il prêta à l’un des plus sages héros de son livre ce propos hyperbolique que, tant que Langey fut vivant, la France demeura en telle félicité que tout l’univers l’enviait et que soudain, après son trépas, elle devint en mépris