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n’avoir pas lu, la Sylve d’amours. De longtemps, on n’avait vu en France des temps si mauvais. On brûlait force hérétiques à Paris et à Rouen. Et le menu peuple trouvait qu’on n’en brûlait pas assez. Le vent de colère et de cruauté soufflait d’en bas, montait de la plèbe qui applaudissait aux supplices et respirait avec ivresse l’odeur des grillades. Le roi n’était pas méchant. Il n’avait nul fanatisme. C’était un homme léger, tout occupé de galanteries et de prouesses, qui aimait les arts, les lettres et se montrait aussi favorable aux savants et aux artistes que le lui permettaient sa frivolité et son égoïsme ; il demeurait incertain, impuissant devant ce débordement de fureurs monacales et populaires. Mais, ne fût-ce que par intérêt et pour défendre son indépendance contre les entreprises du pape, il inclinait à une réforme sage, modérée et royaliste de l’église de France. Tout à coup, au mois d’octobre 1534, un coup d’audace des réformés, une bravade insolente du parti qu’on nommait alors les sacramentaires, le jeta du côté des bourreaux.

Le 18 de ce mois, on trouva affichés à Paris et dans plusieurs autres villes et jusque dans la chambre du roi des placards d’une extrême violence contre la messe. François Ier en fut irrité et effrayé. Dès lors, il laissa faire les théologiens ; partout les bûchers s’allumèrent. Il songea même un moment à défendre d’imprimer des livres. Le danger était grand d’écrire sur des matières de