cision ! Ajoutez à cela que j’étais long, maigre, sans corps, difficile à habiller. Enfin, le pauvre homme parvint à la confectionner, ma tunique, mais quelle tunique ! Pas d’épaules, la poitrine creuse, elle allait s’évasant, tout en ventre. Encore eût-on passé sur la forme. Mais elle était d’un bleu clair et cru, pénible à voir, et le collet portait appliquées, non des palmes, mais des lyres. Des lyres ! Rabiou n’avait pas prévu que je deviendrais un poète très distingué. Il ne savait pas que je cachais au fond de mon pupitre un cahier de vers intitulé : Premières fleurs. J’avais trouvé ce titre moi-même et j’en étais content. Le tailleur-concierge ne savait rien de cela, et c’est d’inspiration qu’il avait cousu deux lyres au collet de ma tunique. Pour comble de misère, ce collet, loin de s’appliquer à mon cou, tendait à s’en éloigner et bâillait de la façon la plus disgracieuse.
J’avais, comme la cigogne, un long cou, qui, sortant de ce col évasé, prenait un aspect piteux et lamentable. J’en conçus quelques soupçons à l’essayage, et j’en fis part au tailleur-concierge. Mais l’excellent homme qui, par l’effort de ses mains innocentes, avec l’aide du ciel, avait fait une tunique et n’avait pas