et sanglant ; des dents aiguës et blanches lui sortent des babouines. Il est effrayant. Et puis il repose au milieu de chair à pâté et de hachis de toute sorte. Il en semble plus terrible. On sait bien que ce n’est pas lui qui a fait tout ce carnage, mais il y règne. C’est une bête farouche que le chien du charcutier. Aussi, du plus loin que Frédéric aperçoit l’animal sur le seuil, il saisit une grosse pierre, à l’exemple des hommes qu’il a vus s’armer de la sorte contre les chiens hargneux, et il va rasant le mur opposé à la maison du charcutier.
Cette fois encore il en a usé pareillement. Louison s’est moquée de lui.
Elle ne lui a tenu aucun de ces propos violents auxquels on répond d’ordinaire par des propos plus violents encore. Non, elle ne lui a rien dit : elle n’a pas cessé de chanter. Mais elle a changé de voix et elle s’est mise à chanter d’un ton si railleur, que Frédéric en a rougi jusqu’aux oreilles. Alors il se fit un grand travail dans sa petite tête. Il comprit qu’il faut craindre la honte plus encore que le danger. Et il eut peur d’avoir peur.
Aussi, quand, au sortir de l’école, il revit le chien du charcutier, il passa fièrement devant l’animal étonné.
L’histoire ajoute qu’il regarda du coin de l’œil si Louison ne le voyait pas. Il est bien vrai de dire que, s’il n’y avait ni dames ni demoiselles au monde, les hommes seraient moins braves.