Et Fanchon s’en alla, par les prés, vers sa maison, dont elle voyait la cheminée fumer au loin dans le ciel rougi par le soleil couchant.
En chemin, elle rencontra Antoine, le petit du jardinier. Il lui dit :
« Viens-tu jouer avec moi ? »
Elle répondit :
« Je n’irai pas jouer avec toi, parce que ma grand’mère me l’a défendu. Mais je vais te donner une pomme, parce que je t’aime bien. »
Antoine prit la pomme et embrassa Fanchon.
Ils s’aimaient tous deux. Il disait : « C’est ma petite femme. » Et elle disait : « C’est mon petit mari. »
Comme elle continuait son chemin d’un pas régulier, et avec le maintien d’une personne sage, elle entendit derrière elle de jolis cris d’oiseaux et, tournant la tête, elle reconnut les petits mendiants qu’elle avait nourris quand ils avaient faim. Ils la suivaient.
« Bonsoir, amis, leur cria-t-elle, bonsoir ! Voici l’heure de se coucher, bonsoir ! »
Et les chanteurs ailés lui répondirent par les cris qui veulent dire : « Dieu vous garde ! » dans la langue des oiseaux.
C’est ainsi que Fanchon rentra chez sa maman, accompagnée d’une musique aérienne.