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tence, qu’il est probable qu’elle changera encore beaucoup à l’avenir, et il est croyable que, dans vingt ans, elle sera tout autre chose que ce qu’elle est aujourd’hui.

— J’aime mieux vous le dire tout de suite, répliqua M. Panneton de La Barge. Quand il s’agit de l’armée, je ne veux rien entendre. Je le répète, il n’y faut pas toucher. C’est la hache. Ne touchez pas à la hache. À la dernière session du Conseil général que j’ai l’honneur de présider, la minorité radicale-socialiste émit un vœu en faveur du service de deux ans. Je me suis élevé contre ce vœu antipatriotique. Je n’ai pas eu de peine à démontrer que le service de deux ans, ce serait la fin de l’armée. On ne fait pas un fantassin en deux ans. Encore moins un cavalier. Ceux qui réclament le service de deux ans, vous les appelez des réformateurs, peut-être ; moi, je les appelle des démolisseurs. Et il en est de toutes les réformes qu’on propose comme de celle-là.