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viennent lui dire en frémissant : « Oh ! mon père ! quelles abominations nouvelles préparent les francs-maçons ! le stage scolaire, l’article 7, la loi sur les associations, ce sont des horreurs ! » le bon Père sourit et ne répond rien. Il ne répond rien, mais il pense : « Nous en avons vu d’autres. Nous avons vu 89 et 93, la suppression des communautés religieuses et la vente des biens ecclésiastiques. Et jadis, sous la monarchie très chrétienne, croit-on que nous avons gardé et accru nos biens sans efforts et sans luttes ? C’est mal connaître l’histoire de France. Nos grasses abbayes, nos villes et villages, nos serfs, nos prairies et nos moulins, nos bois et nos étangs, nos justices et nos juridictions, nous ont été sans cesse disputés par de puissants ennemis, seigneurs, évêques et rois. Nous avions à défendre, à main armée ou devant les tribunaux, un jour un pré, une route, le lendemain, un château, un gibet. Pour