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stupeur et d’une inaptitude définitive à penser les choses les plus simples. Beaucoup d’invectives et peu de rixes. C’est à peine s’il y eut chaque nuit deux ou trois blessés ou contus, dans les deux partis. On portait ceux de Lacrisse chez Delapierre, pharmacien nationaliste, à côté du manège, et ceux de Raimondin chez Job, pharmacien radical, vis-à-vis du marché. Et à minuit, il n’y avait plus personne dans les rues.

Le dimanche, 6 mai, à six heures, Joseph Lacrisse, entouré de ses amis, attendait le résultat du scrutin dans une boutique à louer, décorée d’affiches et de drapeaux. C’était le siège du Comité. M. Bonnaud, charcutier, vint lui annoncer qu’il était élu par deux mille trois cent neuf voix contre mille cinq cent quatorze données à M. Raimondin.

— Citoyen, lui dit Bonnaud, nous sommes bien contents. C’est une victoire pour la République.