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d’amitié avaient été noués entre les brigades de la Préfecture et les manifestants nationalistes aux temps à jamais regrettables, si l’on ose dire, du ministre laboureur, qui laissait les porteurs de matraque assommer sur le pavé des rues les républicains silencieux. C’est ce qu’il appelait agir avec modération ! Ô douces mœurs agricoles ! Ô simplicité première ! Ô jours heureux ! qui ne vous a pas connus n’a pas vécu ! Ô candeur de l’homme des champs, qui disait : « La République n’a point d’ennemis. Où voyez-vous des conspirateurs royalistes et des moines séditieux ? Il n’y en a point. » Il les avait tous cachés sous sa longue redingote des dimanches. Joseph Lacrisse n’avait pas oublié ces heures fortunées. Et sur la foi de cette antique alliance des émeutiers avec les agents, il acclamait les brigades noires. Au premier rang des ligueurs, agitant son chapeau au bout de sa canne, en signe de paix, il cria vingt fois : « Vive