Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

casseroles à la queue des chiens, mettaient de l’encre dans les bénitiers et du poil à gratter dans le lit de Modernus. La nuit, enveloppés de draps et montés sur des échasses, ils allaient dans les jardins et faisaient évanouir de peur les servantes attardées aux bras de leurs amoureux. Ils hérissaient de pointes le siège sur lequel madame Basine avait coutume de se mettre, et, quand elle s’asseyait, ils jouissaient de sa douleur, observant l’embarras où elle se trouvait de porter publiquement une main vigilante et secourable à l’endroit offensé, car elle n’eût pour rien au monde manqué à la modestie.

Cette dame, malgré son âge et ses vertus, ne leur inspirait ni amour ni crainte. Robin l’appelait vieille bique, Maxime, vieille bourrique, et Sulpice ânesse de Balaam. Ils tourmentaient de toutes les manières la petite Mirande, lui salissaient ses belles robes, la faisaient tomber le nez sur les