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chands et des pèlerins, mais déserte depuis que la guerre désolait cette partie de la Vervignole. Des nuées épaisses s’amassaient dans le ciel, où fuyaient les oiseaux ; un air étouffant pesait sur la terre livide et muette ; des lueurs tremblaient à l’horizon. Ils excitèrent leurs mules fatiguées. Soudain un grand vent courba les cimes des arbres, fit crier les branches et gémir le feuillage battu. Le tonnerre gronda et de grosses gouttes de pluie commencèrent à tomber.

Comme ils cheminaient dans la tempête, aux éclats de la foudre, sur la route changée en torrent, ils aperçurent dans un éclair une maison où pendait une branche de houx, signe d’hospitalité. Ils arrêtèrent leurs montures.

L’auberge paraissait abandonnée ; pourtant l’hôte s’avança vers eux, à la fois humble et farouche, un grand couteau à la ceinture, et leur demanda ce qu’ils voulaient.

— Un gîte et un morceau de pain, avec