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justice et à la modération. Il se montrait libéral, abondant en aumônes, et réservait aux pauvres la plus grande partie de ses richesses.

Son château dressait fièrement, sur une colline dominant la ville, ses murs crénelés et ses toits en poivrière. Il en faisait un refuge où tous ceux que poursuivait la justice séculière trouvaient un asile. Dans la salle du bas, la plus vaste qu’on pût voir en toute la Vervignole, la table dressée pour les repas était si longue que ceux qui se tenaient à l’un des bouts la voyaient se perdre au loin en une pointe indistincte, et, quand on y allumait des flambeaux, elle rappelait la queue de la comète apparue en Vervignole pour annoncer la mort du roi Comus. Le saint évêque Nicolas se tenait au haut bout. Il y traitait les principaux de la ville et du royaume et une multitude de clercs et de laïques. Mais un siège était réservé à sa droite pour le pauvre qui vien-