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ne quittait pas plus madame de Montragoux que s’il eût été son ombre. Cela fâchait un peu ce bon mari, qui aurait voulu garder constamment sa femme pour lui seul, mais qui ne s’offensait pas de l’amitié qu’elle éprouvait pour ce jeune gentilhomme, parce qu’elle lui avait dit que c’était son frère de lait.

Charles Perrault dit qu’un mois après avoir contracté cette union, la Barbe-Bleue fut obligé de faire un voyage de six semaines pour une affaire de conséquence ; mais il semble ignorer les motifs de ce voyage, et l’on a soupçonné que c’était une feinte à laquelle recourut, selon l’usage, le mari jaloux pour surprendre sa femme. La vérité est tout autre : M. de Montragoux se rendit dans le Perche pour recueillir l’héritage de son cousin d’Outarde, tué glorieusement d’un boulet de canon à la bataille des Dunes, tandis qu’il jouait aux dés sur un tambour.

Avant de partir, M. de Montragoux pria sa