Dans un coin du petit salon, M. de La Galissonnière, président du tribunal civil, s’entretenait paisiblement et à voix basse avec M. Larive-du-Mont, administrateur du Jardin zoologique.
— Je le confierai à vous, mon ami, disait M. de La Galissonnière : l’idée de la mort me tue. J’y pense sans cesse, j’en meurs sans cesse. La mort m’épouvante, non par elle-même, car elle n’est rien, mais pour ce qui la suit, la vie future. J’y crois ; j’ai la foi, la certitude de mon immortalité. Raison, instinct, science, révélation, tout me démontre l’existence d’une âme impérissable, tout me prouve la nature, l’origine et les fins de l’homme telles que l’Église nous les enseigne. Je suis chrétien ; je crois aux peines éternelles ; l’image terrible de ces peines me poursuit sans trêve ; l’enfer me fait peur et cette peur, plus forte qu’aucun autre sentiment, détruit en moi l’espérance et toutes les vertus nécessaires au