Page:Anatole France - Les Sept Femmes de la Barbe-Bleue.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au roi qu’un bonheur de femme qui ferait sa misère et sa honte. Je n’examinerai pas ici, Quatrefeuilles, si la femme est plus capable de bonheur que l’homme. Ce n’est ni le lieu ni le temps : il est l’heure d’aller dîner. Les physiologistes attribuent à la femme une sensibilité plus exquise que la nôtre ; mais ce sont là des généralités transcendantes qui passent par-dessus les têtes et n’embrassent personne. Je ne sais pas, si, comme vous semblez le croire, notre société polie est mieux faite pour le bonheur des femmes que pour celui des hommes. J’observe que, dans notre monde, elles n’élèvent pas leurs enfants, ne dirigent pas leur ménage, ne savent rien, ne font rien, et se tuent de fatigue : elles se consument à briller, c’est un sort de chandelle ; j ignore s’il est enviable. Mais ce n’est pas la question. Peut-être qu’un jour il n’y aura plus qu’un sexe ; peut-être qu’il y en aura trois ou même davantage. Dans ce cas, la morale sexuelle