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poison aux bons frères. Il soutenait envers et contre ses supérieurs qu’il n’est plus de vrai pape depuis que les miracles n’accompagnent plus l’élection des souverains pontifes, ni proprement d’Église depuis que les chrétiens ont cessé de mener la vie des apôtres et des premiers fidèles ; qu’il n’y a pas de purgatoire ; qu’il n’est pas nécessaire de se confesser à un prêtre si l’on se confesse à Dieu ; que les hommes font mal de se servir de monnaies d’or et d’argent, mais qu’ils doivent mettre en commun tous les biens de la terre. Et ces maximes abominables, qu’il soutenait avec force, combattues par les uns, adoptées par les autres, causaient d’horribles scandales. Bientôt Sulpice enseigna la doctrine de la pureté parfaite, que rien ne peut souiller, et le couvent des bons frères devint semblable à une cage de singes. Et cette pestilence ne demeura pas contenue dans les murs d’un monastère. Sulpice allait prêchant par la ville ; son éloquence, le feu