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seulement tiré l’art du gouvernement des nuages de la métaphysique pour le ramener à la réalité des choses, que je l’en chargerais de louanges. Son parti, dites-vous, fut celui de l’occasion et des expédients. Mais que faut-il pour exceller dans les affaires humaines que saisir l’occasion favorable et recourir aux expédients utiles ? C’est ce qu’il fit, ou du moins ce qu’il eût fait, si la mobilité pusillanime de ses amis et l’audace perfide de ses adversaires lui avaient laissé quelque repos. Mais il s’usa dans le vain ouvrage d’apaiser ceux-ci et de raffermir les premiers. Le temps et les hommes, instruments nécessaires, lui firent défaut pour établir son bienfaisant despotisme. Il forma du moins des desseins admirables pour la politique intérieure. Vous ne devez pas oublier que, à l’extérieur, il dota sa patrie de vastes et fertiles territoires. Et nous lui devons en cela d’autant plus de reconnaissance, qu’il fit ces heureuses conquêtes seul et malgré le parlement dont il dépendait.