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qu’un attrape-nigaud, comme la colombe qui apporta le Saint Chrême dans son bec. Le gouvernement populaire, ainsi que le monarchique, repose sur des fictions et vit d’expédients. Il importe seulement que les fictions soient acceptées et les expédients heureux. »

Cette maxime suffit à nous faire croire qu’il eût gardé de nos jours cette riante et fière liberté dont il embellit son âme au temps des rois. Pourtant il n’eût jamais été révolutionnaire. Il avait trop peu d’illusions pour cela, et il ne pensait pas que les gouvernements dussent être détruits autrement que par ces forces aveugles et sourdes, lentes et irrésistibles, qui emportent tout.

Il croyait qu’un même peuple ne peut être gouverné que d’une seule façon dans le même temps pour cette raison que, les nations étant des corps, leurs fonctions dépendent de la structure des membres, et de l’état des organes, c’est-à-dire de la terre et du peuple et non des gouvernements qui sont