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neveu serait dans les grandeurs, elle irait tous les jours mettre de l’ordre chez lui. Elle ne voulait pas laisser « le petit » en proie aux femmes de ménage, qu’on devrait plutôt nommer les femmes de déménagement.

— « Ces créatures, disait-elle, ont de grands cabas dans lesquels s’engouffrent bouteilles, poulets froids et autres bons morceaux, linge fin, vieille toile, huile, sucre et bougie, bref tout le bien des riches. Non, je ne souffrirai pas que mon petit Jean soit sucé tout vif par de pareils vampires. C’est moi qui tiendrai ton ménage. On ne saura pas que je suis sa tante. Et quand on le saurait, personne, j’aime à le croire, n’y trouverait à redire. Je ne vois pas pourquoi on aurait honte de moi. On pourrait mettre toute ma vie au grand jour sans que j’aie à rougir. Et il y a bien des duchesses qui ne pourraient pas en dire autant. Quant à aban-