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les classes d’un lycée du quartier Latin. Dès qu’il avait pris sa place sur le plus haut des gradins de la salle bien chauffée, il lisait quelque roman sentimental, dissimulé sous des piles d’auteurs latins et grecs. Parfois le professeur découvrait, malgré sa myopie, le livre clandestin. Jean avait ses heures d’éclat. Ses versions étaient remarquables, sinon par l’exactitude, du moins par l’élégance. De même, il n’était pas sans exemple qu’on relevât dans ses thèmes des tournures heureuses. Il fit, sur ce sujet : « La vierge Théano défendant Alcibiade contre les Athéniens irrités », un discours latin qui, chaudement approuvé par M. Duruy, alors inspecteur de l’Instruction publique, valut à l’élève quelques semaines de popularité scolaire.

Il allait, les jours de congé, sur les boulevards et il contemplait avidement, à travers les glaces des boutiques, les bi-