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quelque tendresse pour ce vieil homme. M. Tudesco lui prit la main avec une bonté paternelle et s’écria :

— « Je suis heureux de voir mon cher disciple, le fils de mon intelligence. Monsieur Servien, contemplez ce spectacle et ne l’oubliez jamais : c’est celui d’un peuple libre. »

En effet, les citoyens et les citoyennes marchaient sur les gazons, cueillaient les fleurs des parterres et cassaient les branches des arbres.

Les deux amis voulurent s’asseoir sur un banc ; mais tous étaient occupés par des fédérés de tout grade, qui y ronflaient en tas. C’est pourquoi M. Tudesco pensa qu’il valait mieux aller au café.

Ils en trouvèrent un sur la place de l’Odéon, où M. Tudesco put étaler son éclatant uniforme.

« Je suis ingénieur, dit-il, devant son bitter ; je suis ingénieur au service